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Interview /N’Guess Bon Sens (artiste-chanteur dans les colonnes de Frat-Mat) : « La politique m’a fait perdre beaucoup …(… ), J’ai une dizaine d’enfants… »

Interview /N’Guess Bon Sens (artiste-chanteur dans les colonnes de Frat-Mat) : « La politique m’a fait perdre beaucoup …(… ), J’ai une dizaine d’enfants… »

Unite.ci : De passage à Fraternité Matin, l'artiste tradi-moderne baoulé, N'Guess Bon Sens, donne les raisons de sa longue absence de la scène musicale et parle de son nouveau single.

Après un long silence de plus de dix ans, vous signez votre retour avec un single. Pourquoi une si longue absence ?

Cette longue absence est due à mon état de santé qui s’est dégradé depuis un moment. Lorsque je m’apprêtais à rebondir, j’ai été frappé par un Accident vasculaire cérébral (Avc). J’ai été paralysé durant trois ans. N’eût été les prières des uns et des autres, je ne serais plus de ce monde.

Comment vous vous sentez aujourd’hui ?

Grâce à vos prières, aujourd’hui, ça va un peu. Je tiens sur mes pieds, je marche et je peux utiliser mes deux mains. On peut dire que ça va. Ce n’est pas la grande forme comme avant. Mais ça va mieux. Quand Dieu te fait grâce, il faut lui dire merci. Au début, je ne pouvais pas marcher. Mais grâce aux prières de tous, aujourd’hui, je marche. Je viens de sortir un nouveau single et je suis actuellement en tournée.

Est-ce que physiquement vous pouvez faire des tournées comme par le passé ?

Ce qui est certain, ce n’est plus la même force. Je ne suis plus jeune. En plus, la maladie m’a affaibli. Je ne suis plus solide comme par le passé. Mais ma voix est restée intacte. Mes fans vont s’en contenter.

Qui vous a soigné ?

(Un moment de silence). C’est la prière.

Vous venez de mettre sur le marché un nouveau single. De quoi parle la chanson ?

La chanson parle de moi-même, de ma vie. Mais on peut aussi l’étendre à tout le monde. Je dis que je ne peux pas commettre deux fois la même erreur. Quand on a été une fois victime d’une situation, on prend les dispositions pour ne plus se faire avoir. Je donne des exemples, en m’appuyant sur des faits de société.

Il fut un moment où vous étiez très impliqué dans la politique. Y a-t-il des chansons à caractère politique sur votre prochain album ?

Non, non et non ! C’est justement de tout cela que je parle dans ce single. Plus jamais je ne parlerai de politique dans mes chansons. La politique aux hommes politiques et la chanson aux artistes. J’ai maintenant compris et je ne tomberai plus dans ce jeu. La politique m’a desservi.

Pourquoi dites-vous cela ?

La politique est un jeu dangereux. Très dangereux même. La politique m’a fait perdre beaucoup de fans. Si je ne me retire pas de là, je risque de perdre tous mes fans. J’ai plus perdu que gagner, en chantant la politique. Mais bon, grâce à Dieu, mes fans commencent à revenir. Je ferai bientôt une chanson pour m’excuser. Je profite pour leur présenter mes excuses pour cette erreur. Je ne parlerai plus de politique.

Vous insistez sur votre âge dans vos propos. Quel âge avez-vous ?

Je suis né en 1962 (soit 63 ans).

Vous n’êtes pas aussi vieux...

Ce n’est pas rien non plus. Je ne suis plus jeune. Il y a longtemps que je suis sur la scène. C’est épuisant physiquement.

Après plus de 30 ans de carrière, comment N’Guess Bon Sens qualifie son bilan ?

Je trouve mon bilan très positif. Le bilan ne se limite pas qu’au nombre d’immeubles construits, ni au parc automobile. Pour une personne qui n’a pas été à l’école, le fait d’accorder une interview à Fraternité Matin est déjà positif. Le fait d’être vu à la télévision, d’effectuer des voyages en avion, de connaître des pays comme la France et les États-Unis, c’est une victoire. Ce que mes grands frères restés au village n’ont pas vécu et n’ont pas pu faire, moi, je l’ai réussi grâce à la musique. C’est un bilan positif. Oui, je suis convaincu que j’ai fait le bon choix. Dans mes débuts au village, mon papa s’était opposé. Il ne voulait pas que je sois musicien. Il a même cassé ma guitare à trois reprises. Mais aujourd’hui, s’il était vivant, je suis sûr qu’il serait fier de moi.

Quelles sont vos qualités artistiques ?

C’est ma voix et aussi l’esprit de créativité. Je crée facilement mes chansons. Quel que soit le texte, je peux le chanter. Avant, c’était la guitare traditionnelle. Mais la guitare, si tu la laisses, elle te laisse. Je sais toujours jouer à la guitare, mais pas comme avant.

Qu’est-ce qui vous a le plus marqué dans votre carrière d’artiste ?

C’est mon premier voyage en avion. C’était un voyage sur le Togo. Cela m’a vraiment marqué. Je n’en revenais pas. Je suis allé, quelques années plus tard, aux États-Unis et en France. Mais ces voyages ne m’ont pas marqué comme le premier.

Que devient Toutya, votre orchestre ?

Quand la maladie m’a frappé, les membres se sont dispersés. C’est normal. Lorsqu’une poule est attaquée par un animal féroce, ses poussins se dispersent. Dieu merci, je suis guéri. Le groupe s’est reconstitué et a repris ses activités.

Pensez-vous qu’un artiste tradi-moderne peut vivre décemment de son art ?

Bien sûr ! À condition qu’il soit entouré de personnes honnêtes pour le guider. Nous autres n’avons pas compris à l’époque. Je n’avais pas pris toutes ces dispositions. Alors que je ne sais ni lire, ni écrire. Je signais des documents sans avoir une idée du contenu. Je voulais juste avoir un nom, me faire voir à la télévision. Finalement, beaucoup de choses m’ont échappé. Aujourd’hui, cela ne peut plus être le cas pour les jeunes frères qui embrassent le métier. Car ils savent lire et écrire.


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Quels sont les problèmes que vous avez rencontrés ?

L’hypocrisie, les calomnies, la délation, le manque d’amour et de solidarité entre nous. Il n’y a pas trop d’entente. Moi, par exemple, les gens ont failli m’opposer à ma grande sœur, Sidonie La Tigresse. C’est avec le temps qu’on a compris et qu’on a décidé de ne plus les écouter. Nous sommes devenus frère et sœur. Nous nous entendons parfaitement. À tel point que quand Sidonie a appris que j’ai été frappé par un Avc, elle a eu un malaise. Il ne se passe plus de jour sans qu’on ne s’appelle.

Avez-vous une association d’artistes ?

On avait une association à l’époque. C’est moi qui l’avait créée après les décès de Kouadio Maurisson et de Mossia. Tout était bien parti. Malheureusement, par la suite, il n’y a pas eu d’entente. Chacun est allé de son côté. Aujourd’hui, il y a d’autres organisations qui ont été mises en place. Mais, pour le moment, je préfère rester dans mon coin.

Quels conseils pouvez-vous donner aux jeunes artistes ?

C’est de travailler dur. Moi, j’ai appris auprès de certains aînés. Il faut qu’ils acceptent d’apprendre auprès de nous leurs aînés. Qu’ils s’inspirent de ce que nous faisons. Il faut aussi l’humilité et le respect des aînés. Qu’ils soient humbles et qu’ils respectent leurs aînés. Cela est très important dans la carrière d’un artiste. Evitez de se comparer aux autres, car cela est souvent source de tension et de jalousie.

Abordons un peu votre vie privée. Combien de femmes avez-vous ?

(Rires). J’ai une femme.

Et combien d’enfants ?

J’ai une dizaine d’enfants. Vous savez, on ne sait pas sur quoi on compte. Mais, nous les artistes, à l’instar de certains corps de métier, partout où on arrive, on fait des enfants. Ce qui est intéressant, c’est que je les ai tous reconnus et tous scolarisés. La plupart sont grands actuellement. Le premier a 46 ans. Il vit à Dubaï. D’autres vivent en France. Ce sont eux qui me soutiennent.

Quel est votre rêve aujourd’hui ?

Mon rêve, c’est de recouvrer pleinement ma santé et voir mes petits-enfants grandir.

Interview réalisée par fraternité Matin le 25/ 08/ 2025

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