Unite.ci : Cette édition, organisée autour du thème « Les données, une nécessité dans la transformation des villes ouest-africaines en espaces durables pour les communautés », réunit des experts, représentants étatiques, acteurs du secteur privé et organisations spécialisées de la Côte d’Ivoire, du Bénin, du Togo, du Sénégal et du Mali.
M. Evariste Aohoui, représentant d’Electronic West Africa (EWA), a rappelé l’urgence d’agir face à une crise mondiale : plus de 180 millions de tonnes de déchets électroniques pourraient être générées d’ici 2050. Il a souligné que l’Afrique, bien que produisant peu de D3E (2,5 kg par habitant), subit de plein fouet les conséquences de leur mauvaise gestion, faute de technologies et d’infrastructures adaptées. Cette réalité pose de graves menaces sanitaires et environnementales.
Cependant, M. Aohoui voit dans ces déchets un potentiel économique énorme pour le continent. À condition, précise-t-il, de développer les outils adaptés à leur valorisation et de s’appuyer sur des données fiables pour transformer les défis en opportunités concrètes.
Le directeur général de SOVAMEP, M. Philippe Baudet, a salué l’organisation d’un tel événement en Côte d’Ivoire, notant le rôle structurant des fédérations de recycleurs ivoiriens et la pertinence des débats engagés. Pour lui, ces journées permettent d’imaginer un avenir plus vert, dans un contexte où les déchets électroniques constituent un véritable casse-tête mondial.
Mme Élisa Ellen, de l’African Circular Economy Alliance (ACEA), a quant à elle estimé que la valeur des déchets électroniques africains s’élevait à 3,2 milliards de dollars en 2019. Selon elle, leur réintégration dans l’économie circulaire peut générer des milliers d’emplois dans le recyclage intelligent, la data analyse ou encore l’ingénierie écologique. Pour cela, elle appelle à une meilleure collecte de données, nécessaire à la mise en place de politiques publiques efficaces et de normes environnementales solides.
Du côté gouvernemental, Dr Gustave Aboa, représentant du ministère de l’Environnement, a rappelé l’engagement de l’État ivoirien en faveur d’une gestion durable des D3E. Le pays s’est doté dès 2017 d’un décret pour encadrer la gestion écologiquement rationnelle des déchets électroniques, interdisant notamment leur combustion à l’air libre ou leur déversement incontrôlé.
Il a également mentionné le projet UPOPSI, qui soutient la création de deux centres pilotes de démantèlement des D3E et des véhicules en fin de vie, capables de traiter jusqu’à 1 000 tonnes de déchets par jour. En parallèle, une stratégie nationale pour l’économie circulaire est en cours d’élaboration, en collaboration avec les acteurs du secteur.
Selon Dr Aboa, la Côte d’Ivoire ambitionne de devenir un véritable hub sous-régional de la valorisation des D3E, en les transformant en matières premières secondaires pour d’autres filières industrielles. Il a réaffirmé la volonté du gouvernement d’accompagner toutes les initiatives permettant une transition vers un modèle durable et résilient.
Ces deux jours de réflexion visent donc à jeter les bases d’une approche concertée et intégrée pour que la gestion des déchets électroniques devienne un levier de développement économique, technologique et environnemental pour toute l’Afrique de l’Ouest.
AP
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